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Overview

En partenariat avec la Fondation d’Entreprise Bernardaud, le groupe 5•5 designers a développé spécialement pour la Biennale un projet intitulé ouvriers-designers :

Les jeunes créateurs sont intervenus à plusieurs reprises durant l’année dans la chaîne industrielle de la manufacture de porcelaine Bernardaud, pour encadrer une liberté créative ponctuellement accordée à certains ouvriers à chaque moment clé de la production, en prenant le contrepoint ou en autorisant certains gestes habituellement impossibles ou interdits dans un processus de fabrication standardisé. Ils ont apporté ainsi des perturbations très individualisées à certains produits classiques de la gamme Bernardaud, qui continuent ensuite le chemin habituel de leur élaboration parfaite.

Le projet OUVRIERS-DESIGNERS commandé par Frédéric Bodet a été réalisé dans le cadre de la Fondation d’Entreprise Bernardaud pour la Nouvelle Biennale de Céramique de Châteauroux. Il s’agit avant tout d’une aventure humaine. La démarche a pour but de mettre en valeur les savoir-faire des ouvriers de Bernardaud, tout en explorant de nouvelles voies de conception pour le design industriel. Dans ce projet, le designer se décharge volontairement de l’aspect esthétique du produit, pour mettre en place une méthodologie de conception capable de générer une multitude de produits nouveaux sur une chaîne de production classique : la libération des gestuelles ouvrières donne naissance à un vocabulaire formel inédit basé sur l’erreur, l’inverse et l’imperfection. L’ensemble de ces résultats, mis en regard avec la production habituelle de la marque, vient nous rappeler la perfection accomplie jour après jour par tous ces hommes et femmes qui font la qualité Bernardaud.

Produit

De cette production généreuse, foisonnante et spontanée, a été sélectionnée une série de pièces qui confirme le potentiel d’une conception basée sur les ressources existantes. Cette démonstration intervient à un moment où le design est vulgairement considéré comme un style alors qu’il devrait agir sur la façon même de concevoir et à une époque où la classe ouvrière occidentale ne trouve plus sa légitimité dans un contexte de mutation économique.

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Manifeste

Cette volonté de replacer un peu d’aléatoire dans les modes de production standardisés, afin de « profiter » de la chaîne industrielle pour créer des objets plus artisanaux, sinon unique, est au cœur des conceptions nouvelles de jeunes designers un peu partout en Europe. Cette position laisse entrevoir une mutation complète du rôle du designer dans l’entreprise et dans la société. « Aujourd’hui, pour innover, il faut concevoir la conception » (Danielle Quarante). En d’autres termes, le designer devient un chef d’orchestre de la fabrication, un observateur attentif des modes et des outils de production, ce qui doit le conduire à mettre en valeur tout le « potentiel d’une production, basé sur l’existant » (5•5 designers ), et non plus seulement de créer des formes toujours plus nouvelles et toujours plus abstraites (malheureusement le plus souvent de simples coques, des enveloppes superficielles dont les entrailles, elles, ne changent guère). La démarche des 5•5 designers est essentiellement humaine : elle vise à mettre en valeur le savoir-faire des ouvriers d’une manufacture, mais aussi, au-delà d’une tâche répétitive et soignée, leur proposer d’exprimer une liberté, une revendication, une prise de distance sur ce qu’ils font habituellement mécaniquement. Il s’agit en fait d’une expérience inédite de créativité instantanée sur le site même de la production. Les designers reprendront ensuite les rênes pour analyser les objets issus de cette expérience et choisir les plus percutants en terme d’esthétique industrielle. Au final, on découvrira un ensemble de pièces uniques en réaction à la monotonie sérielle, chacune d’elle parlant d’un détournement possible du savoir-faire technique de l’entreprise, à réintégrer ou à exploiter dans le futur.

Frédéric Bodet, du musée des Arts décoratifs à Paris et commissaire associé de la Nouvelle Biennale de Châteauroux.

 

Sept étapes de fabrication (coulage, calibrage, émaillage, finissage, garnissage, décalque, filage) ont été choisies pour illustrer le propos des 5.5 designers de mettre en valeur, grâce au projet «Ouvriers Designers» , l’intelligence de la main, trop souvent négligée de nos jours.

Atelier du coulage
Le coulage permet de réaliser des pièces creuses comme des théières, des vases, des crémiers, etc… La pâte, sous forme liquide, appelée barbotine est versée dans le moule en plâtre dont la porosité permet une sédimentation sur les parois. Les pièces sont démoulées une fois leur densité souhaitée atteinte.
Crémier Coulage n°11 : Le «crémier coulage n°11» est le résultat de ce processus avec pour perturbation le retournement du moule. L’excès de pâte au-dessus du bec, en forme de sabot, qui en général est supprimé, sert ici de «base », et le fond du crémier devient creux. Ainsi naît une forme nouvelle : un crémier moulé à l’envers devient un mug au sabot.
Crémier Coulage n°17 : Réalisé à la même étape de fabrication, ce crémier est issu d’un mauvais ajustement volontaire des deux parties verticales du moule. Ainsi la barbotine s’infiltre et remplit l’intérieur de l’anse, ce qu’elle ne fait pas habituellement. Ce processus donne naissance à une nouvelle surface d’expression pour de nouveaux décors.
Crémier Coulage n°2 et n°4 : Ces deux crémiers sont coulés dans un même moule mais remplis à moitié pour l’un et incliné pour l’autre.

Atelier de calibrage
Le calibrage permet de créer des pièces larges comme des bols, grands plats, soupières, saladiers, etc… La pâte semi-molle, est déposée dans un moule en plâtre, lui-même disposé sur un tour. Le calibre en métal vient presser la pâte contre le moule et l’excédent qui s’éjecte sous forme de « spaghettis » et retiré à l’aide d’un fil à couper. La forme intérieure du saladier sera donnée par le moule, la forme extérieure par le calibre.
Saladier Calibrage n°3 : Ici, avec l’aide de Bernard, nous avons agi sur le saladier de la ligne Douce. Le « Saladier Calibrage n°3 » a été réalisé en mettant directement dans le moule, non pas une balle de pâte classique, mais les résidus de pâte « spaghettis » habituellement écartés. Réinjectée dans le cycle de production, cette récupération de pâte dessine à chaque pressage des contours différents pour des pièces uniques.
Saladier Calibrage n°7 : « Le saladier Calibrage n°7 » réalisé dans ce même atelier, est le résultat de deux pressages successifs, l’un dans l’autre, de deux demi balles de pâte

Technique de garnissage
le garnissage consiste à assembler avec de la barbotine, qui sert de colle, les différents accessoires pour former un seul objet : anses, becs, graines…
Tasse Garnissage n°8 : Habituellement, Florence colle délicatement l’anse sur le corps de la tasse au niveau des repères pré marqués au moulage. Collée en dessous et non sur le côté, l’anse incline la tasse sans jamais la renverser. Cette simple modification, change notre regard sur le produit sans modifier la technique de fabrication. L’or du décor dessine l’horizontalité et vient souligner le décalage provoqué.
Tasse Garnissage n°5 Collée au fond de la tasse, l’anse disparaît pour réapparaître à la fin du thé. Un produit en deux temps qui joue d’une simple perturbation. Les repères de l’anse, décorés d’un filet or, renforcent l’idée de manque tout en expliquant la mise en oeuvre habituelle de cette pièce.

Atelier de finissage
Le finissage consiste, une fois la pièce sèche, mais crue, à la « nettoyer », enlever les coutures des moules, lisser les angles et les contours, sculpter les becs, lui donner son aspect final.
Saucière Finissage n°9 : Nous avons demandé à Bernadette d’utiliser ses outils pour créer une nouvelle texture sur la saucière Louvre, jusqu’à faire disparaître le motif initial de frises gravées. La surface, semblable à une pierre taillée, offre une nouvelle perception de l’objet qui peut générer une nouvelle identité de gamme.

Atelier d’émaillage
Après la première cuisson, on dispose de pièces cassantes et poreuses. Cette porosité va permettre l’émaillage. Toutes les pièces destinées à avoir un aspect lisse et brillant sont trempées à la main dans un bain d’émail avant de subir une deuxième cuisson qui va permettre à la porcelaine d’acquérir sa résistance, sa translucidité et sa taille définitive.
Saladier Émail n°22 : Ce sont de véritables chorégraphies que développe Franck pour réussir cette étape indispensable de la fabrication. Pour émailler ce «saladier Émail n°22», Franck a créé une nouvelle gestuelle qui laisse partiellement entrer l’émail à l’intérieur du saladier. Il en résulte une « langue » d’émail parfaitement contrôlée, qui dessine un décor singulier et dévoile la précision du geste de la main

Atelier de décalque
Suivant le style de la collection, la pose du décor est plus ou moins complexe. Dans la majorité des cas un « chromo » (principe de décalcomanie) est apposé minutieusement à la main sur chaque pièce par une décalqueuse.
Assiette Décalque n°7 : Après avoir humidifié son « chromo », Nicole le dépose délicatement sur l’assiette puis, à l’aide d’une langue en caoutchouc et d’un chiffon, chasse l’eau et d’éventuelles bulles d’air tout en le positionnant. Son geste se termine lorsqu’elle dépose, au dos de la pièce, le logo Bernardaud accompagné du n° 70 qui l’identifie. Chaque décalqueuse possède un numéro qui est à la fois valorisant car chaque pièce est signée mais à la fois un moyen de traçabilité de la qualité demandée. En utilisant ce chiffre comme motif et non plus comme identifiant, nous avons finalement imaginé «L’assiette Décalque n°7». Composé en nombre, le chromo n°70 devient alors l’élément d’un décor classique de la marque. Habituellement discret et pourtant si emblématique pour les ouvriers, ce numéro nous rappelle la main qui est présente derrière tous les produits Bernardaud.

Atelier peinture, le filage :
Cette technique consiste à peindre, en utilisant une grande variété de pinceaux, les filets, or ou platine, à main levée sur les anses, les becs, les bordures, etc…
Saucière Filage n°8 : Sur la saucière Phoebe, que nous avons utilisé pour cet atelier, la réalisation du décor Palmyre consiste à déposer un filet or, sur l’anse, le bord et le pied de la pièce. Après plusieurs tentatives de perturbations de cette gestuelle conventionnelle, nous avons décelé chez Michel, notre ouvrier fileur, des qualités de maîtrise d’anciens décors effectués auparavant à main levée. C’est en réveillant ce souvenir, que cet enchevêtrement de motifs s’est déposé, comme une synthèse de millier de décors exécutés pendant des années de travail dévouées à la décoration de la porcelaine. Aujourd’hui ces décors manuels sont souvent remplacés, quand c’est possible, par un chromo imprimé. Or, en le réalisant à l’intérieur de la pièce, le décor devient comme un trésor caché qui ne peut être remplacé par un « chromo ».

le FNAC acquiert le coffret 1000 en 2007
Le projet ouvriers/ designers a reçu le LABEL VIA en 2006


Expositions

2010
- Around Food, Area Magazine, Salone del Mobile, Milan, Italie
- Utopie du Quotidien, Musée Porzellanikon, Selb, Allemagne
- Now! 5.5 designers élus créateurs de l'année, Maison & Objet, Villepinte, France

2009
- Object Factory, the Art of Industrial Ceramics, MAD - New York, USA
- Joyeux Anniversaire, Centre culturel français de Milan, Salone del Mobile, Milan, Italy

2008
- Object Factory - Industrial Ceramics: Art by Design - Gardiner Museum, Toronto, Canada

2007
- 107Rivoli, Musée des Arts décoratifs de Paris, France
- This side up - Palau de la Musica y congressos, Valencia, Espagne  
- New french designers, 5.5 designers chez droog @ home, Amsterdam, Pays Bas

2006
- Freestyle - Biennale Internationale de Design de Saint-Étienne, France
- European Ceramic context 2006 - Bornholm, Danemark
- Commissaires, Montréal, Canada
- Fiera de Milan - Superstudio Più, Italie
- Manufacture Bernardaud de Limoges, France

2005
- Nouvelle Biennale de céramique de Chateauroux, France

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